Samedi, 4 heures du matin. Le réveil est difficile. Après une chute dans l’escalier plongé dans l’obscurité (même pas mal), Sandrine croit avoir fermé la chambre à clef depuis l’intérieur. Pratique ces serrures à l’Américaine… Elle s’en rend compte après la douche alors qu’Antoine est lui-même sous l’eau. C’est donc à moitié en pyjama et à moitié en serviette de bain qu’elle va réveiller le garde de nuit. Elle bafouille dans un mauvais espagnol : “pardon, j’ai oublié la clef dans la chambre, je ne suis pas du matin”. Une fois débloquée la situation, la clef reste introuvable. Elle est en fait tombée en même temps que Sandrine dans les escaliers et il faudra s’y reprendre à deux fois avant de mettre la main dessus dans la pénombre.
Bref, on retrouve finalement notre guide Francklin (à la porte lui aussi) et le minibus avec deux Américains, John et Nathan, deux cuisiniers, Jeronimo et Renan, et un chauffeur un peu rustre. Nous rejoignent bientôt une Australienne, Chris et une Danoise, Anja. Retentit alors le premier “Vamos” d’une longue série sud-américaine… Après une heure et demie de route et autant de piste, nous arrivons à Lares, lieu de départ de notre trek. Le village est connu pour ses sources chaudes et médicinales. Pendant que nous nous y détendrons quelques instants, chauffeur et cuistots chargeront nos sacs-à-dos sur les mules. Le muletier ne s’est pas encore présenté.
Il ne faut pas être trop regardant sur la couleur de l’eau, plutôt brune. Mais les effets sont indéniables. Un bassin propose une eau à environ 30 degrés et un autre à presque 50 degrés. Après ça, on se sent prêt à attaquer la première montée. Il n’y a que 400 mètres à gravir pour atteindre le village de Huacahuasi, “la maison des vaches” en Quechua.
On y prépare des briques d’Adobe, cette terre rouge mêlée à une sorte de paille et avec laquelle se construisent les maisons traditionnelles. Elles ont une durée de vie de 100 ans. Beaucoup de lamas paissent tranquillement. C’est là que nous établirons notre campement pour la nuit, après moins de quatre heures de marche. Les tentes seront montées à l’arrière de la maison du muletier avec lequel nous faisons connaissance.
Nous sommes sur place dès 15 heures et il fait vite froid à 3800 mètres d’altitude alors que le soleil décline. Nous décidons de faire un feu autour duquel les enfants de la maison d’à-côté s’approchent timidement.
Ils sont tout morveux, les joues rougies par le froid qu’ils n’endurent pas d’hier, et portent des sandales très ouvertes. Lorsque nous allons aux toilettes, nous passons devant leur maison. Il n’y a qu’une pièce principale dans laquelle brûle un feu sans conduit de cheminée ni d’évacuation sur l’extérieur. Pas d’électricité non plus.
La nuit tombe à 18 heures, une nuit noire très épaisse et étoilée. A 21 heures, tout le monde est couché dans son duvet “confort – 10 degrés”. Le lendemain, ça se complique. C’est la journée redoutée : plus de 6 heures de marche, un col à 4 400 mètres, 600 mètres de dénivelé à la montée et 800 à la descente jusqu’à Patacancha.
On a froid mais nous sommes récompensés par les paysages.
Il paraît que nous sommes un groupe d’un bon niveau. Sandrine est à la traîne mais ne se plaint pas (incroyable) car il y a bien trop à regarder. Et il faut garder son souffle. On fait des pauses régulières, seuls ou avec le groupe.
Nous sommes bientôt rattrapés par les mules et les cuisiniers qui vont établir la tente pour le déjeuner après le col. Aucun moyen de rivaliser avec eux. On n’en a pas très envie non plus.
Il faut prendre son temps pour bien apprécier le panorama.
Nous sommes surpris de découvrir des habitations isolées et des cultures à cette altitude.
Il ne faut jamais oublier de se retourner pour voir le tableau qu’on a traversé se métamorphoser complètement.
Il fait de plus en plus froid à l’approche du col d’Ipsay et l’air nous manque de plus en plus.
Mais on s’accroche, tous les 3 avec la Danoise, on forme le trio de queue. Et on passe le col juste avant qu’une pluie de grêle ne s’abatte sur nous.
De l’autre côté nous attend le déjeuner sous tente. La soupe de quinoa est particulièrement appréciée tout comme le maté de coca, des feuilles de coca dans de l’eau chaude, un peu amer mais dynamisant et efficace contre le “soroche”, le mal des montagnes. A cette altitude, il n’est pas rare d’avoir mal au crâne ou à l’estomac. On a évité ça. Sandrine a même sacrifié à la coutume locale en gardant les feuilles de coca dans sa bouche.
Les cuistots font la vaisselle dans le torrent (sans produit évidemment) et c’est reparti pour une longue, très longue descente. C’est bien simple elle n’en finit plus ! On croise un trio bien espiègle sur le chemin qui nous extorque notre goûter.
Nous sommes rincés en arrivant à Patacancha.
On regarde sans le voir un match de foot sur le terrain réservé aux garçons. Les filles jouent ailleurs dans leurs jupes colorées. Bien que l’on soit redescendu de 200 mètres par rapport à Huacahuasi, nous avons encore plus froid ce soir car nous sommes prêts d’une rivière. Heureusement nous pouvons dîner dans une maison d’Adobe.
Le lendemain, on a plus peur de rien, le plus dur a été fait. On se laisse descendre tranquillement. On passe devant une école ou Franck nous invite à entrer. Les enfants sont surexcités par notre présence et celle d’appareils photos.
Pas ceux qui jouent au foot visiblement mais ceux qui nous montrent leur classe.
Dans la rue nous croisons de jeunes femmes en habits traditionnels. Celles dont le chapeau est incliné ne sont pas encore mariées.
Franck nous fait également remarquer que chaque maison porte d’étranges symboles sur le faite du toit, mélange de culture préhispanique et de religion chrétienne.
Les boeufs signalaient que la famille résidant sous ce toit possèdait des bêtes pour le labour qui pouvaient être prêtées. Les Quechua avaient pour coutume de s’entraider en se consacrant collectivement aux récoltes de chacun.
Nous passons par les ruines incas de Pumamarca avant de rejoindre Ollantaytambo pour déjeuner dans un vrai restaurant. De là nous prendrons le train pour Aguas Calientes, point de départ pour la visite du Machu Picchu le jour suivant.
J'adore la couleur des photos..
Tip top article..
Peut-être que tu t'en doutais, mais certaines sont prises au LOMO…et ça fait la différence
Maintenant que vous avez pris plaisir au trek, quel sera votre prochaine ballade en Bolivie … lac Titicaca ?
Si vous préférez le 2 roues, il paraît que la descente de la route de la mort (Stremnaya Road) vaut le détour !!!
Exacto ! le Lac Titicaca, c'est dans un article en prévision, par contre on n'a pas fait la route de la mort.
Les images que vous nous faites partager sont vraiment magnifiques et le récit est bien tourné et détaillé. On s'imagine très bien à votre place. On vous envie presque (enfin pas toujours 😉 )
Profitez en bien.
Hello ou plutôt Buenos dias
Je vous suis régulièrement et j'adore vos photos qui viennent illustrer vos aventures.
En tout cas vous me faites rêver et je vous envie.
Bon vent
Frédérique
Que d'aventures, d'efforts et d'endurance pour atteindre les sommets
mais quelle merveille de découvrir tous ces paysages
et même un terrain de foot !!!!!
Merci la feuille de coca, sponsor officieux des sommets
à Patacancha, il y avait deux terrains de foot, un pour les garçons, un pour les filles.
D'ailleurs le Pérou est toujours en course pour se qualifier pour le mondial 2014 au Brésil
j'aime ces escapades en dehors des sentiers battus et toujours de belles photos!!
bises
Pas moins de 4 réclames subliminales dans ce billet, vous faites fort les amis !
Un grand merci donc à Quechua®, Adobe®, Coca® et Nathan® de nous offrir ces instants magiques d'évasion
😉
Magnifique ! Comme dirait qui tu sais, Sandrine (voire Sophie et Frederique), c de toute beauté. J'ai eu froid pour vous, avec vos jolis bonnets. Et on se sent de plus en plus proche du pays, avec les rencontres que vous nous faites partager. Gros bisous. Coco
Hé hé hé ! Merci pour les commentaires, nous aussi on se sent plus proches de toi quand on les lit
bisettes